Pardon et réconciliation
Pardonner à une personne au niveau de la volonté profonde alors qu'on ne ressent que répugnance au niveau de la sensibilité n'est surtout pas de l'hypocrisie car le socle de l'amour le plus profond n'est pas la sensibilité mais la volonté. Le pardon n'est donc pas un acte de faiblesse mais de noblesse : je choisis de ne plus être esclave de mes sentiments pour mettre en mouvement la racine même de l'amour qu'est la volonté d'aimer, par-delà l'offense. [Pardonner se décide, mais la manière dont l'autre reçoit ce pardon ne nous appartient pas.] Après un conflit, il est normal d'espérer une réconciliation, mais elle ne peut jamais être exigée. "Je ne lui pardonnerai que lorsqu'il m'aura d'abord demandé pardon !" Exiger que l'autre s'humilie en nous demandant pardon peut cacher une volonté de puissance qui peut-être pire que l'offense commise par l'autre. Le pardon est gratuit, on ne peut jamais "s'emparer" de la réconciliation, elle ne peut qu'être accueillie comme une "cerise sur le gâteau" !
Joël Guibert
Le père Joël guibert est prêtre du diocèse de Nantes et consacré son ministère à la prédication de retraites.